Sardaigne – Costa smeralda

Enfin nous reprenons la mer ! Nous sommes à Bonifacio depuis 5 jours, bloqués par la météo. Pierre-Claude nous a rejoint hier. Le vent est établi, la météo annonce force 3 à 5 le matin et 5 à 6 l’après-midi. Nous passons les Bouches au grand largue à 7 nœuds. Le bateau file, l’allure est rapide et confortable. Nous décidons de contourner l’archipel de la Maddalena par le nord afin de continuer à bénéficier du bon vent qui nous pousse.

La navigation a duré 7 heures. En fin d’après-midi, nous mouillons Cala di Volpe, parmi de nombreux yachts. Nous sommes sur la Costa Smeralda, 55km de plages privées et marinas de luxe.

Mercredi 9 août, nous quittons le mouillage et mettons le cap au sud. Nous n’entrons pas dans le golfe d’Olbia par le nord, nous préférons passer entre l’île Molara et l’île Tavolara. Cette dernière est imposante, majestueuse. Elle sera dans notre champ de vision quasiment tout notre séjour.

Nous essayons de mouiller Spiaggia di Lastra Ruia, mais il y a peu de sable et les bateaux déjà présents ne nous permettent pas d’y poser l’ancre. Nous continuons vers l’est et mouillons à Capo Coda Cavallo. Il y a du monde, des voiliers, des yachts, des semi-rigides, mais l’eau est incroyablement claire et chaude.

Le soir il ne reste que quelques voiliers. Le site est vraiment magnifique.

Vers 19h, alors que nous prenons l’apéritif, un voilier s’engage entre la côte et un ilot rocheux. Pour y être allée en paddle l’après-midi, je sais qu’il n’y a pas de fond. Comment les prévenir ? Trop tard. Nous voyons le bateau s’arrêter brutalement, coincé dans les rochers. Un des passagers saute à l’eau pour inspection. Nous nous concertons sur la manière d’agir. Notre annexe suffira-t-elle à extraire le voilier des rochers ? Mais déjà un petit bateau va leur porter secours. Après quelques essais et engueulades à bord, nous semble-t-il, le voilier recule. Un des passagers saute alors à l’eau. Un autre le poursuit. Le premier rejoint la côte et part à pied. Le second se fait ramener au voilier par un bateau. Chacun s’en va de son côté. L’ambiance à bord ne doit pas être terrible après l’incident !

Jeudi 10 août, nous continuons notre route vers le sud. Le vent est très léger, nous hissons le gennaker. Après 2h30 de navigation tranquille, nous décidons de mouiller devant La Padula Sicca. Je suis à la barre et j’annonce les profondeurs pour Olivier, à l’avant du bateau, prêt à poser l’ancre : 4 m , 3 m 60, 3 m, oups le fond monte brutalement alors que nous sommes loin du rivage. A 2m80, je vire rapidement et m’éloigne. Pas question d’aller se planter dans les rochers qui jonchent le fond. Une nouvelle approche par l’est nous permet de trouver une zone de sable à 5 m de fond. Idéal. Nous passons l’après-midi à profiter du paysage, du chant des cigales dans la pinède voisine, de l’eau turquoise et d’un bon livre.

Vendredi 11 août, il fait beau (comme tous les jours depuis notre arrivée) et une légère brise nous accompagne. Cap au sud. Nous ne pourrons pas aller très loin, car notre carte marine détaillée s’arrête à la latitude 40°38 N. Le vent monte (force 3-4) et nous filons au près. Vers 13h, nous arrivons « au bout de la carte », devant la plage d’Orvili. Sur un promontoire se dresse le Castello della Fava. Le paysage est beau et cette limite de la carte dessine une frontière avec un territoire inconnu. Une drôle d’émotion nous étreint. Nous ne pouvons que penser à tous ces marins qui, aux siècles derniers, partaient découvrir le monde.

Nous virons, un peu à regret, et remontons vers le nord de quelques miles. Ce soir, escale à Porto Ottiolu. Nous dinons au restaurant et découvrons des spécialités sardes : les fregola et les culurgiones, des pâtes fraiches excellentes.

Samedi 12 août, il n’y a quasiment pas de vent, nous partons au moteur et faisons route vers l’île de Tavolara, ma préférée. A la mi-journée, nous jetons l’ancre devant l’île Molara. Une vraie piscine ! L’eau est d’un bleu incroyable ! Elle est si transparente que l’ombre du bateau se dessine sur le sable par 7 m de fond.

Cette zone est une réserve naturelle protégée et le mouillage y est autorisé du lever au coucher du soleil uniquement. Nous retournons à Capo Coda Cavallo, qui va devenir notre mouillage favori. Le coucher de soleil est magnifique.

Dimanche 13 aout, nous profitons de la beauté du site. Paddle, baignade, lecture…

Mais un dimanche d’aout en Italie, la tranquillité ne dure pas ! De nombreux bateaux arrivent, y compris un bateau-marchand de glace.

Un bateau promenade vient mouiller à quelques mètres de nous. L’ambiance est festive. L’animateur raconte des blagues au micro. Les passagers sautent à l’eau. Ceux qui ne savent pas bien nager sautent avec un gilet de sauvetage. Incroyable !


Nous levons l’ancre, parcourons quelques miles et déjeunons au mouillage à Porto Taverna. Puis nous longeons la face sud-est de l’île Tavolara. Elle est imposante et magnifique. Nous décidons de passer la nuit devant Porto San Paulo. La vue sur l’île Tavolara est superbe. Le mouillage est sûr, nous nous rendons à terre en annexe, l’occasion de déguster des cocktails très colorés en terrasse d’un bar de plage.

Mardi 15 août, nous remontons vers le nord. Pierre-Claude doit prendre l’avion en fin de journée à Olbia. Nous traversons le golfe et mouillons pour le déjeuner Cala Moresca. Il y a beaucoup de bateaux. Tout à coup des cris d’enfants : « delfini ! delfini ! ». Un groupe de dauphins passe entre les bateaux puis repasse plusieurs fois. Deux d’entre eux frôlent le bateau et sautent sous nos yeux ébahis. Ils n’ont pas l’air farouche car la zone est peuplée et bruyante. C’est peut-être la proximité d’une ferme aquacole qui les attire….

Dans l’après-midi nous regagnons Olbia. Nous avons réservé une place à la Marina di Olbia Yachts Services, une marina chic et chère, destinée à le devenir encore plus à en croire leur luxueuse brochure. Alors que Pierre-Claude rejoint l’aéroport, une voiture avec chauffeur nous dépose dans le centre d’Olbia. Le cœur de ville se résume à quelques rues, mais l’ambiance est agréable et nous dinons dans un restaurant typique qui a installé ses tables dans les ruelles autour de sa porte. La cuisine est délicieuse. Mais à minuit lorsque nous voulons rentrer à la marina, plus de navette et pas de taxis. Il nous faudra plus d’une heure à pied pour rejoindre notre marina de luxe certes, mais bien éloignée de tout.

Mercredi 16 août, nous quittons la marina et décidons de nous amarrer au Molo vecchio. Le quai n’a pas de branchement électrique ni d’accès à l’eau, mais il est en plein centre d’Olbia, au pied de la grande roue, et gratuit. La manœuvre d’amarrage n’est pas simple. Il y a peu de place entre les bateaux déjà amarrés le long du quai et il semble qu’il y ait des blocs de béton sous l’eau. Olivier saute sur le quai pour amarrer l’arrière. Il est haut et les bites d’amarrage très espacées. Le vent éloigne le bateau du quai. Olivier tente de l’amarrer par l’embelle, mais n’y parvient pas. Me voilà seule à la barre, Olivier sur le quai. Je fais demi-tour et revient vers le quai, mais là encore le vent m’éloigne du mole. Je dois retenter la manœuvre. Le stress monte. Je parviens finalement à accoster et placer le bateau le long du quai. Olivier saute à bord et amarre le bateau. Ouf. Nous avons la journée pour aller découvrir Olbia avant l’arrivée de nos nouvelles passagères.

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